Montessori, qu’est-ce que c’est ? (réponse brève)

Montessori, qu’est-ce que c’est ? (réponse détaillée, pour ceux qui souhaitent en savoir plus)

La pédagogie Montessori

 


Montessori, qu’est-ce que c’est ? (réponse brève)

Montessori est le nom de la première femme médecin d’Italie.

Après avoir obtenu son diplôme, elle travaille avec des enfants déficients, puis accepte le poste que lui propose le gérant d’un immeuble situé à San Lorenzo, un quartier populaire de Rome. Sa mission est de s’occuper d’une soixantaine d’enfants, tous âgés de 3 à 6 ans, livrés à eux-mêmes toute la journée, et dont la principale occupation est de dégrader l’immeuble. Maria Montessori aménage alors un local dans l’immeuble, spécialement prévu pour l’accueil des enfants. C’est ainsi qu’est née la première Maison des Enfants le 6 janvier 1907. Elle met à leur disposition un matériel qui répond à leur besoin d’apprendre et leur permet de progresser à leur rythme. En peu de temps, les petits « vandales » se métamorphosent : ils prennent soin d’eux-mêmes et de leur environnement et renouent avec leur envie d’apprendre.

La méthode montessorienne révèle un “enfant nouveau”.  Le succès est tel qu’elle développe sa méthode en l’étendant aux enfants plus âgés, afin de suivre leurs besoins à chaque stade de leur développement jusqu’à l’âge adulte.

Après avoir dévoué toute sa vie à l’Enfant, elle s’éteindra le 6 mai 1952.


Montessori, qu’est-ce que c’est ? (réponse basée sur l’ouvrage Maria Montessori à la découverte de l’enfant de E.M. Standing)

Montessori est le nom de la première femme médecin d’Italie. Peu après l’obtention de son diplôme en 1896, Maria Montessori est nommée assistante à la clinique psychiatrique de l’université de Rome. Il entre dans ses attributions de visiter les asiles de fous de la ville et de sélectionner les malades pour la clinique. C’est en découvrant dans un asile de fous un troupeau d’enfants, parqués dans une pièce absolument nue, tels des prisonniers, que Maria Montessori vient à penser qu’une éducation appropriée s’impose.

En 1899, au cours d’un congrès pédagogique à Turin, elle parle de l’éducation morale :

Les enfants déficients ne sont pas des hors-la-loi ; ils ont droit à tous les bienfaits de l’instruction, autant, sinon plus, que les enfants normaux.

En Italie, l’intérêt s’éveille : le ministre de l’Éducation nationale prie le docteur Montessori de donner à Rome une série de conférences. Elle accepte, et ce cours – que l’on considère à juste titre comme la pierre de fondation de la pédagogie scientifique en Italie – aura pour conséquence la création d’une école d’État d’orthophrénie. Montessori en est la directrice de 1899 à 1901. On lui confie tous les enfants déficients des écoles de Rome, tous les cas sans espoir.

Pendant ces deux années, Montessori, aidée de ses collègues, forme un groupe de professeurs “spécialisés dans l’observation et l’éducation des enfants faibles d’esprit”. Sous son habile direction, les déficients mentaux, jusqu’ici classés parmi les fous, se développent de façon inattendue, au point d’apprendre à lire et à écrire : certains même réussissent à passer des examens à côté d’enfants normaux. On applaudit à ce pseudo-miracle, mais les réflexions de Maria Montessori prennent un autre cours :

Tandis qu’on admirait mes débiles, je cherchais ce qui pouvait entraver les enfants sains et heureux des écoles ordinaires qui, dans les tests d’intelligence, ne dépassaient pas mes malheureux élèves.

Elle finit par conclure qu’il fallait incriminer la différence des principes éducatifs.

Cette profonde intuition devint mon fil directeur : j’étais de jour en jour plus convaincue que mes méthodes appliquées à des enfants normaux développeraient leur personnalité d’une façon surprenante.

C’est ainsi qu’en 1901 elle envisage de travailler sur les enfants normaux. Sept ans s’écouleront, cependant, avant qu’elle passe de la théorie à la pratique. En effet, elle éprouve avant tout le besoin de méditer. Elle suit des cours de philosophie et de psychologie et approfondit les travaux d’Itard et de Seguin (Itard est connu pour son travail sur l’enfant sauvage de l’Aveyron et Seguin, élève d’Itard, a crée le premier service psychiatrique exclusivement réservé aux enfants déficients).

***

Au coeur de San Lorenzo, un quartier pauvre de Rome, une société de construction élève deux grands bâtiments censés regrouper tous les habitants du quartier. L’ouvrage terminé, on constate très vite que, pendant la journée, en l’absence des parents qui travaillent et des aînés qui sont à l’école, les plus jeunes, livrés à eux-mêmes, jouent dans les escaliers et les couloirs, accumulant les dégâts comme de “petits vandales”. Les autorités décident alors qu’il serait moins coûteux de rassembler tous ces enfants dans un local. Mais qui sera responsable de la garde de ces enfants ? On fait la proposition à Montessori et elle accepte de bon cœur cette possibilité de travailler sur des enfants normaux. Pour équiper le local, elle fait fabriquer des tables et des chaises à la taille des enfants et prépare tout un matériel analogue à celui utilisé avec les enfants déficients. Par ailleurs, elle forme la fille du concierge en lui enseignant à présenter le matériel aux enfants.

Le jour de l’ouverture, le 6 janvier 1906, elle accueille chaleureusement une soixantaine d’enfants pauvres aux visages inexpressifs et aux regards hébétés comme s’ils n’avaient jamais rien vu.

C’est dans cette première “Maison des Enfants” que Maria Montessori, en observant les enfants manipuler le matériel qu’elle a inventé, établira les principes qui seront la base de la pédagogie Montessori.

On commence à parler de San Lorenzo. Des gens de toutes sorte (même des rois !) viennent de loin voir ces enfants ouverts et libres, capables d’écrire à quatre ans ; ils en repartent émerveillés.

Voici une anecdote parmi tant d’autres :

La renommée de San Lorenzo parvient aux oreilles de l’ambassadeur d’Argentine à Rome, qui décide d’aller se rendre compte par lui-même. Sceptique, il ne prévient personne afin que l’on ne prépare rien pour sa visite. Malheureusement il arrive à l’école un jeudi, jour de congé lui explique le concierge. Un enfant passe par là, entend la conversation et s’écrie : “Mais ça ne fait rien, vous avez la clé (dit-il au concierge) et tous les enfants habitent par ici.” Le concierge ouvre alors la porte et le petit garçon va battre le rappel ; tout le monde entre dans la classe et les enfants reçoivent l’ambassadeur en travaillant comme d’habitude.

La méthode montessorienne révèle un “enfant nouveau”. Des livres paraissent qui démontrent que l’enfant naît bon, qu’il se fatigue d’être inactif, que, de lui-même, il cherche à élargir ses connaissances, qu’il est capable de coopérer avec ses aînés et de vivre en parfaite harmonie avec chacun.

Pressée par ses amis, Montessori écrit son premier livre (Une méthode scientifique de pédagogie appliquée aux enfants). C’est un succès immédiat. L’ouvrage sera traduit en vingt langues.

Montessori devient célèbre. De partout on la sollicite pour donner des conférences ou des stages d’études pour les éducateurs. En quelques années, des sociétés montessoriennes s’épanouiront en Europe et en Amérique, puis en Inde.

Après avoir dévoué toute sa vie à l’Enfant, elle s’éteindra le 6 mai 1952.


La pédagogie Montessori

La phrase-clé de la pédagogie Montessori est « Aide-moi à faire seul ». Cette pédagogie est fondée sur la volonté d’aider l’enfant à se construire et à développer son autonomie, à partir de l’observation de ses rythmes de développement. Il s’agit donc de proposer à l’enfant un travail et un suivi pédagogique individualisés afin que le rythme de l’enfant, sa personnalité et ses besoins propres soient respectés. En apprenant à son rythme, l’enfant intègre une grande quantité d’informations et ce, avec intelligence et précision.

Les périodes sensibles

Une « période sensible » est une période donnée pendant laquelle l’enfant a une sensibilité particulière qui le guide irrésistiblement vers telle ou telle acquisition fondamentale de l’être humain (marcher, parler, lire, écrire, compter,…). Le travail exigé par cet ardent appel intérieur ne fatigue pas l’enfant, bien au contraire, l’enfant se sent plus fort et plus calme après l’intense activité d’une période sensible parce qu’il s’est crée lui-même.

Les enfants dont l’éducation se poursuit en fonction des périodes sensibles travaillent avec un intérêt soutenu : pour eux, tout est facile, tout est intéressant, tout est vie.

Comme  ces périodes sont des phénomènes transitoires, il est très important de les reconnaître afin de les utiliser au maximum. En effet, un enfant se développe moins bien si l’on n’a pas exploité à son profit les diverses périodes sensibles (Combien d’entre nous, adultes, s’aperçoivent qu’il y a beaucoup de “mailles échappées” dans notre construction physique, mentale et sociale !). De plus, il est inutile d’essayer de rattraper une période sensible qui est déjà passée. Par exemple, un enfant de sept ans n’éprouvera pas d’enthousiasme à apprendre les lettres en utilisant le matériel des lettres rugueuses car son intérêt pour les expériences tactiles s’est évanoui.

C’est pourquoi, la méthode Montessori propose à l’enfant un apprentissage qui correspond à une « période sensible » pour lui.

Le matériel

Maria Montessori a inventé tout un matériel didactique qui répond à toutes les exigences du développement des enfants. En effet, ce matériel met en œuvre tous les canaux d’apprentissage de l’enfant (auditif, kinesthésique, visuel et parfois même le goût et l’odorat).

Il est organisé d’une manière très rigoureuse, dans une logique de progression qui va du plus simple au plus complexe, du concret vers l’abstrait. Il décompose les différentes étapes de chaque apprentissage permettant à chaque enfant de passer le temps nécessaire sur les points spécifiques qui peuvent lui poser problème. Il respecte ainsi parfaitement les périodes sensibles de l’enfant.

Chaque pièce du matériel isole une difficulté particulière et permet l’autocorrection, ce qui permet à l’enfant de travailler seul. Ainsi, dans une école montessorienne, personne ne fait travailler les enfants : les enfants apprennent par eux-mêmes avec l’aide du matériel qu’ils peuvent utiliser librement, après que l’éducateur leur en ait enseigné l’usage.

Scientifiquement et esthétiquement pensé, ce matériel très attrayant suscite l’intérêt et l’activité de l’enfant, grâce à son but clairement défini.

Enfin, le matériel, en exemplaire unique pour favoriser la patience, la détermination et le respect de l’autre, est rangé de manière ordonnée, afin de répondre au besoin d’ordre et de structure de l’enfant.

L’ambiance

L’environnement est un facteur important d’épanouissement et de bien-être pour l’enfant. Le cadre doit être agréable, adapté à sa taille et à ses besoins, et l’atmosphère calme et sereine. L’ambiance est le lieu où l’enfant va « nourrir » son intelligence en y trouvant des réponses à son besoin d’« auto-construction » et de développement physique et psychique. L’enfant doit pouvoir évoluer librement, avec le respect du principe de « vivre et travailler ensemble », dans cet espace aménagé en fonction de ses besoins fondamentaux d’activité motrice et de concentration. Seule l’activité librement consentie, soutenue par l’intérêt et le plaisir de faire, sont constructeurs de la personnalité enfantine.

La notion de liberté est essentielle à la pédagogie Montessori : l’enfant possède en lui son propre schéma de développement. Il ne peut s’épanouir que si on le laisse libre d’explorer, de choisir et d’agir par lui-même, sans entrave extérieure autre que les limites imposées par son environnement social (respect de l’autre, adulte ou enfant).

L’éducateur

Voici les règles pratiques pour l’éducateur selon Maria Montessori :

  1. Avoir un souci scrupuleux de l’environnement : clarté, ordre.
  2. Ne pas hésiter à repeindre, recoudre, embellir…
  3. Enseigner l’usage de chaque objet. Et plus spécialement s’attacher aux exercices de vie pratique pour qu’ils soient accomplis avec calme et précision.
  4. Mettre l’enfant en contact avec le milieu, puis s’effacer.
  5. Observer les enfants : être à l’affût de leurs besoins.
  6. Répondre rapidement à un appel.
  7. Écouter et répondre.
  8. Respecter celui qui travaille et ne pas l’interrompre.
  9. Corriger avec respect.
  10. Respecter celui qui a cessé de travailler sans l’obliger à s’occuper de nouveau.
  11. Proposer sans cesse de nouvelles occupations.
  12. Être l’âme silencieuse de la classe, une présence douce et aimante.
  13. Être là pour ceux qui cherchent, savoir disparaître du chemin de ceux qui ont trouvé.

 Des classes multi-âges

Les classes Montessori mélangent différents âges : 3-6 ans, 6-9 ans, 9-12 ans, etc. Les classes d’âges mélangés favorisent l’entraide, l’émulation, le respect mutuel et l’échange inhérent à toute vie sociale.

Elles offrent aux plus jeunes la possibilité d’observer le savoir-faire des plus âgés et de voir ainsi ce qu’ils feront dans un futur proche. Les plus petits comprennent pourquoi ils apprennent ce qu’ils sont en train d’apprendre  et s’approprient ainsi leurs apprentissages. Les plus âgés sont, quant à eux,  responsabilisés vis-à-vis de leurs cadets.

Dans un groupe d’âges mélangés, l’enfant bénéficie de l’ensemble du matériel pédagogique quel que soit son âge et élabore ses apprentissages à son rythme (un enfant de 3 ans pourra apprendre à écrire s’il est déjà dans la période sensible de l’écriture ou un enfant de 5 ans pourra de nouveau affiner sa concentration et sa méthodologie en retournant à des exercices de vie pratique).

Les enfants ont ainsi l’opportunité de se côtoyer et s’entraider, chacun dans le respect de son rythme de travail et de découverte.

Pas de récompenses, pas de punitions

Les enfants ne retiennent rien du système de récompenses/punitions. Il faut donc abandonner ces pratiques. En effet, les enfants deviennent sages et ordonnés dès qu’ils ont appris à travailler et dès lors qu’ils peuvent choisir spontanément leur travail.

Un enfant insupportable doit simplement être mis à l’écart et placé en situation d’observer ses camarades. Au bout d’un moment, il s’ennuiera et demandera l’autorisation d’utiliser à nouveau le matériel.

En ce qui concerne les récompenses, voici une anecdote :

Un cardinal vint un jour à la Maison des Enfants de San Lorenzo : il apportait un sac de gâteaux. Ces friandises avaient les mêmes formes géométriques que le matériel utilisé par les enfants. Sans songer à les manger, ils se poussaient autour de la table, très excités, et l’on entendait : “C’est un triangle !” “Moi, c’est un cercle !” “Côme a un rectangle !”…

 Pour conclure

Sa pédagogie est plus que jamais d’actualité, comme en témoigne Philippe Meirieu :

Parce que nous avons à faire face à une montée fantastique de la dispersion, parce que nos enfants et nos élèves sont soumis à un bombardement d’images et d’informations sans précédent, parce que la gesticulation, partout, a supplanté le geste, parce que les difficultés d’attention et de concentration représentent aujourd’hui le problème de bien des professeurs… il faut écouter Maria Montessori.

 

6 Responses

  1. les pays pauvres doivent s’inspirer des méthode de
    Mentessori et l’imposer aux dirigeants de ce tiers monde qui ne pensent qu’a sauvegarder leurs fauteuils

  2. Très intéressante cette présentation, merci. A la lecture des “règles” du bon éducateur, je me pose une question, peut-être pourras-tu m’éclairer : comment trouver la frontière entre la règle 10 et la 11 (“10. Respecter celui qui a cessé de travailler sans l’obliger à s’occuper de nouveau” et “11. Proposer sans cesse de nouvelles occupations.”)? Je trouve que c’est parfois difficile, a fortiori quand on prend soin des enfants des autres.

    • Pour la règle 10, il s’agit de ne pas sauter sur l’enfant dès qu’il a fini un travail pour lui demander “Et maintenant, qu’est-ce que tu voudrais faire ?” mais de laisser un peu se promener dans la salle, flâner entre les étagères…
      Pour la règle 11, il s’agit d’observer l’enfant pour savoir où il en est, quels sont ses centres d’intérêt et lui suggérer de faire telle ou telle activité en fonction de ces observations. La règle 11 concerne aussi la préparation de l’ambiance puisqu’on peut ajouter du matériel au fur et à mesure.
      Voilà comment je vois les choses !
      Marie

  3. Quel délice, quelle pertinence !
    Tout simplement excellent.

  4. Bonjour,

    Assistante maternelle depuis 2 ans, je m’applique à suivre au mieux la pédagogie Montessori avec les petits que j’accueille. Pour avoir “expérimenté” sans vraiment le savoir et avec mes propres enfants (adultes aujourd’hui) les grands principes de la pédagogie Montessori, je suis convaincue de la pertinence de cette éducation.
    Je vous félicite pour votre blog au travers duquel vous nous faites profiter de vos expériences et je vous souhaite beaucoup de bonheur à regarder s’épanouir votre enfant !
    Evelyne

    • Bonjour Evelyne,
      Merci beaucoup pour ce très gentil commentaire.
      Les petits que vous accueillez ont bien de la chance d’avoir une nounou comme vous ! Je constate que de plus en plus d’assistantes maternelles s’intéressent à la pédagogie Montessori et je m’en réjouis.
      Bonne continuation,
      Marie